La période de « Ben Ha-Métsarim » (5782)

La période de « Ben Ha-Métsarim » (5782)

Les jours de « Ben Ha-Métsarim »
Les jours entre le 17 Tamouz et le 9 Av se nomment les jours de « Ben Ha-Métsarim », en correspondance au verset de Eih’a (chap.1 verset 3) « Tous ses poursuivants l’ont atteinte (Jérusalem) dans la détresse… ».
Or, nos maîtres enseignent qu’il s’agit là des jours entre le 17 tamouz et le 9 Av, pendant lesquels les ennemis ont pénétrés notre sainte et glorieuse ville de Jérusalem, et ont réalisé les pires destructions au sein d’Israël, jusqu’à la date du 9 Av où ils ont détruit le Beit Ha-Mikdach (le Temple de Jérusalem), à cause de nos nombreuses fautes. Et depuis ce jour jusqu’à aujourd’hui, le peuple d’Israël ne connaît pas la tranquillité, car des ennemis se dressent contre lui, de l’intérieur comme de l’extérieur.

Et même si – grâce à D.ieu – nous avons eu le mérite de revenir sur notre sainte terre de façon relativement libre, nous n’avons pas encore mérité la rédemption finale et totale, car notre Temple est toujours détruit, et les nations du monde font souffrir le peuple d’Israël au quotidien. Les chefs des nations se comportent comme des hauts gouverneurs d’Israël. Les malheurs sont de plus en plus fréquents.

Plus que tout, d’un point de vue spirituel, nous sommes très éloignés de la véritable rédemption, jusqu’à ce qu’Hachem ait de nouveau pitié de son héritage, et qu’il nous délivre de nouveau de façon totale et définitive.

Chacun et chacune se doit d’être conscient vis-à-vis de l’exil, et ne pas rester paisible, car cette période n’est pas une période ordinaire où nous devons malgré nous observer des usages de deuil, mais plutôt comprendre que ces jours sont de par eux-mêmes des jours de deuil car nous sommes peinés et affligés sur la grande perte occasionnée par la destruction du Beit Ha-Mikdach et par l’empêchement de la Rédemption. Notre maitre le Rav z.ts.l disait : « Nous pleurons davantage sur ce qui s’est produit dans notre génération au moment de la terrible Shoah, que ce qui s’est produit il y a des milliers d’années. » Et il motivait le public à se souvenir du million d’enfants innocents massacrés lors de la Shoah, ainsi que tout le peuple d’Israël qui a souffert sous la botte Nazie, nous devons aussi pleurer pour cela!
Nos maitres enseignent : Celui qui prend le deuil sur Jérusalem, mérite de voir sa réjouissance.

Les différents degrés de deuil durant cette période, et la semaine dans laquelle tombe le 9 Av
Durant cette semaine, nous expliquerons les règles de « Ben Ha-Métsarim » (à partir de ce que l’on a écrit les années précédentes, avec quelques suppléments).
Ces règles sont divisées, car à partir du 17 Tamouz jusqu’à Roch H’odech Av, nous observons quelques usages de deuil, et à partir de Roch H’odech Av, nous ajoutons d’autres usages de deuil. Ensuite, durant la semaine dans laquelle tombe le jeûne, d’autres usages de deuil entrent en vigueur.

Cette année (5782), le 9 Av tombe un Chabbat, et le jeûne est observé dimanche (depuis samedi soir), et de ce fait, selon la tradition des Séfaradim, nous n’avons pas cette année les règles spécifiques à la semaine dans laquelle tombe le jeûne du 9 Av, conformément à la décision Halachique de MARAN l’auteur du Choul’han ‘Arou’h (chap.551).
Seuls les Achkénazim ont l’usage de s’imposer la rigueur pour certaines règles depuis Roch ‘Hodech Av, comme nous l’expliquerons avec l’aide d’hachem en son temps.

Les jours de « Ben Ha-Métsarim »

La bénédiction de Chéhé’héyanou pendant cette période
Il est bon d’avoir la vigilance de ne pas réciter la bénédiction de Chéheh’eyanou sur un fruit nouveau ou sur un vêtement nouveau, pendant la période de Ben Ha-Métsarim, depuis le soir du 17 Tamouz jusqu’à après le 9 Av. Il faut laisser le fruit ou le vêtement jusqu’à après le 9 Av, et il ne faut pas non plus le consommer sans réciter la bénédiction de Chéheh’eyanou.

Cette tradition prend sa source dans le Séfer Ha-H’assidim qui écrit qu’ils ne consommaient pas de fruits nouveaux pendant la période de Ben Ha-Métsarim car ils disaient: « Comment pouvons nous prononcer les mots: qui nous a fait vivre, qui nous a fait exister, qui nous a fait parvenir jusqu’à ce moment?! »

C’est ainsi que tranche également MARAN dans le Choulh’an Arouh’, qu’il est bon d’avoir la vigilance de ne pas réciter la bénédiction de Chéheh’eyanou pendant la période de Ben Ha-Métsarim, sur un fruit ou sur un vêtement. Même notre maître le ARI zal écrit qu’il ne faut pas réciter la bénédiction de Chéheh’eyanou pendant la période de Ben Ha-Métsarim.
Telle est l’opinion de la majorité des Ah’aronim (décisionnaires des générations récentes et contemporains) (‘Hazon Ovadia – Arba’ Ta’aniyot page 129).

Si une femme enceinte voit un fruit nouveau et en éprouve l’envie de le consommer, elle est autorisée à le consommer pendant cette période, en récitant la bénédiction de Chéheh’eyanou.

Pendant les Chabbatot de la période de Ben Ha-Métsarim, il est permis de réciter la bénédiction de Chéheh’eyanou sur un fruit nouveau ou sur un vêtement nouveau.
Cependant, après Roch H’odech Av, il est convenable de s’imposer la H’oumra (la rigueur) de ne pas réciter la bénédiction de Chéheh’eyanou sur un vêtement nouveau, même pendant Shabbat, mais sur un fruit nouveau, on peut autoriser à réciter cette bénédiction, même pendant le Chabbat qui se trouve après Roch H’odech Av. (C’est ainsi que tranche notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l dans son livre Chou’t Yeh’avé Da’at tome 1 chap.37).

Ecouter de la musique et danser pendant « Ben Ha-Métsarim »
Il est interdit de danser pendant les 3 semaines entre le 17 Tamouz et le 9 Av, et ceci, même sans musique.

Tout ceci concerne même les danses conforment aux exigences de la Halah’a et aux usages de la pudeur chers au peuple d’Israël, lorsque les hommes et les femmes sont séparés par une paroi opaque ne leur permettant pas de se voir mutuellement.
Mais les danses mixtes sont strictement et sévèrement interdites durant toute l’année.

Même si selon le stricte Din il est permis durant toute l’année d’écouter de la musique au moyen d’un magnétophone, d’un lecteur de disques ou autre, malgré tout, notre maître le Rav Ovadia YOSSEF z.ts.l écrit qu’il faut s’en abstenir au moins durant la période de « Ben Ha-Métsarim ». Nous nous sommes déjà longuement étendus sur ce sujet antérieurement.

Cependant, lorsqu’il s’agit d’une réjouissance de Mitsva, comme un mariage (jusqu’à Roch H’odech Av pour les Séfaradim), une Bérit Mila, un repas de Pidyon Ha-Ben (rachat du premier né), une Bar Mitsva, ou bien un repas en l’honneur de l’achèvement de l’étude d’un traité Talmudique (Siyoum Masséh’et), il est permis d’écouter de la musique, car dès lors où il s’agit d’une réjouissance de Mitsva, on peut autoriser.

Chanter seulement avec la bouche
Chanter avec la bouche, sans instrument de musique, est permis durant cette période. A fortiori pendant les jours de Chabbat de cette période.
Même lorsque le 9 Av tombe un Chabbat, il est permis de chanter les chants sacrés en l’honneur du Chabbat.

Une personne qui vit de la musique
Un musicien juif qui gagne sa vie en jouant pour des non-juifs est autorisé à poursuivre son activité jusqu’à la semaine dans laquelle tombe le jeûne du 9 Av.
De même, un professeur de musique qui subirait une perte d’argent s’il arrêtait d’enseigner durant les 3 semaines, est autorisé à enseigner la musique jusqu’à la semaine dans laquelle tombe le jeûne du 9 Av. Cette autorisation est aussi valable pour un élève qui prend des cours de musique.

Toutefois, il est bon pour le musicien, pour le professeur de musique ainsi que pour l’élève de s’imposer la rigueur de cesser leurs activités dès Roch H’odech Av.

Diffuser de la musique dans des crèches pour enfants
Des crèches pour enfants ou bien des jardins d’enfants, ou encore des centres aérés qui fonctionnent durant « Ben Ha-Métsarim », et qui doivent diffuser de la musique dans le cadre de leurs activités, sont autorisés à le faire. Telle est l’opinion Halah’ique de notre maître le Rav z.ts.l, et telle est l’opinion du Gaon Rabbi Ya’akov KAMINETSKY z.ts.l.

En conclusion: On ne doit pas réciter la bénédiction de Chéheh’eyanou sur un nouveau vêtement ou un fruit nouveau pendant la période de Ben Ha-Métsarim.
Durant les Chabbatot de cette période, on peut autoriser.

Durant le Chabbat après Roch H’odech Av, on doit s’imposer la rigueur vis-à-vis d’un nouveau vêtement, mais vis-à-vis d’un fruit nouveau on peut autoriser.

On ne doit pas écouter de musique pendant la période de Ben Ha-Métsarim, mais il est permis de chanter uniquement avec la bouche, sans instruments de musique.

Il est permis d’acheter des nouveaux vêtements pendant la période de Ben Ha-Métsarim, jusqu’à Roch H’odech Av. Mais on ne peut les porter qu’après Tich’a Bé-Av.

Source: halachayomit

R.Abdellak Malkiel