Le devoir de Matanot La-Evyonim

Le devoir de Matanot La-Evyonim

Nous avons mentionné de manière globale le devoir de « Matanot La-Evyonim » le jour de Pourim.
C’est-à-dire, offrir 2 cadeaux à 2 nécessiteux :
Un cadeau à un nécessiteux, et un autre cadeau à un autre nécessiteux.
Ce devoir incombe tout homme et toute femme.

Que faut-il offrir ?
Le devoir de « Matanot La-Evyonim » ne se fait pas exclusivement avec des cadeaux. On peut aussi offrir de l’argent aux nécessiteux, afin qu’ils achètent le nécessaire pour le repas de Pourim.

Combien faut-il offrir ?
Celui qui possède la Ir’at Chamaïm (la Crainte du Ciel) donnera Matanot La-Evyonim avec générosité et avec un visage enthousiaste.
Sa récompense et son geste le devanceront au ‘Olam Haba (au Monde Futur).

Il n’y a pas de somme fixe à la Mitsva de Matanot La-Evyonim, car selon le Din, il est suffisant de donner une Pérouta, ce qui correspond à la plus petite pièce de monnaie en vigueur dans le pays.

Cependant, comme nous l’avons déjà précisé, il est préférable d’augmenter les Matanot La-Evyonim plutôt que d’augmenter le contenu du repas de Pourim ou du Michloa’h Manot (dans tous les cas, il faut au moins veiller à ce que le nécessiteux puisse accomplir le repas de Pourim avec ce qu’on lui donne).

La différence entre « Michloa’h Manot » et « Matanot La-Evyonim »
Nous avons expliqué dans les précédentes Halachot, que le devoir de Michloa’h Manot doit se faire de sorte que le bénéficiaire sache de qui il le reçoit, et que le bienfaiteur sache à qui il envoie, car la Mitsva de Michloa’h Manot a pour but d’augmenter les liens d’amour et de fraternité entre les gens.

Cependant, concernant le devoir de Matanot La-Evyonim, la règle est différente.
On peut donner l’argent ou les cadeaux aux nécessiteux de sorte que le bénéficiaire ne sache pas qui est son bienfaiteur, et de même, que le bienfaiteur ne connaisse pas l’identité du bénéficiaire.

De plus, dans le devoir de Michloa’h Manot, il faut offrir de véritables aliments, alors que pour Matanot La-Evyonim, on peut offrir de l’argent aux nécessiteux, afin qu’ils puissent s’acheter le nécessaire pour le repas de Pourim.

L’importance du devoir de Matanot La-Evyonim
Le RAMBAM écrit (règles relatives à la Méguila chap.2) :
On a le devoir d’envoyer à son ami 2 sortes de viandes ou 2 plats différents, ou bien 2 sortes de nourriture comme il est dit dans la Méguilat Esther : « … d’échange de mets mutuels… », 2 mets à au moins 1 personne.
Celui qui multiplie les Michloa’h Manot à plusieurs personnes est digne de Louanges. On est aussi tenu de distribuer de l’argent ou de la nourriture aux nécessiteux, le jour de Pourim, pas moins de 2 nécessiteux, en leur donnant à chacun 1 cadeau, comme il est dit (dans la suite de ce même verset) :
« …ainsi que de cadeaux aux nécessiteux ». Il est préférable d’augmenter les cadeaux aux nécessiteux que d’augmenter le contenu du repas de Pourim ou le Michloa’h Manot. En effet, il n’y a pas de joie aussi grande et aussi prestigieuse que de réjouir le cœur des nécessiteux, des orphelins, et des veuves, car lorsqu’on réjouit le cœur de ces opprimés, on prend exemple sur le comportement de la Che’hina (la Présence Divine), comme il est dit : « Afin de redonner vie à l’esprit de ceux qui sont rabaissés, et faire revivre l’âme de ceux qui sont oppressés ».
Fin de citation du RAMBAM

Donner l’argent à des administrateurs de Tsédaka
On peut aussi donner l’argent de Matanot La-Evyonim à une personne responsable de distribuer l’argent aux nécessiteux le jour de Pourim, car le délégué d’un homme équivaut à l’homme lui-même (« Chélou’ho Chel Adam Kémoto »).
C’est d’ailleurs ainsi qu’agissent de nombreuses personnes aujourd’hui, elles donnent leur argent à une personne responsable et fiable, qui va le distribuer le jour de Pourim à des nécessiteux. Il vaut mieux agir ainsi, plutôt que de donner nous-mêmes cet argent à des nécessiteux, car il n’est pas toujours facile de savoir avec certitude que la personne est réellement dans le besoin.

Nous avons déjà mis en garde dans le passé sur la vigilance dont il faut faire preuve lorsqu’on confie de l’argent à des organismes de Tsédaka, en vérifiant s’ils sont tenus par des gens qui craignent Hachem, et ne pas se fier les yeux fermés à tout organisme qui se présente.

Carte de crédit – Responsabilité du mari envers son épouse vis-à-vis de la Mitsva
Une personne ne pouvant pas offrir elle-même Matanot La-Evyonim, est malgré tout soumise à ce devoir. De notre époque où il existe la possibilité d’offrir par l’intermédiaire du téléphone avec une carte de crédit, on peut parfaitement s’acquitter de son devoir par ce moyen.
Telle est la décision Halachique de notre maitre, le Gaon et Richon Lé-Tsion Rabbi Its’hak YOSSEF Chlita.

Un homme marié a le devoir de se soucier de son épouse (ainsi que de ses enfants religieusement majeurs) afin qu’elle accomplisse elle aussi la Mitsva de Matanot La-Evyonim, car il arrive parfois que les grands préparatifs de Pourim fassent oublier à l’épouse l’accomplissement de cette Mitsva, et si son mari ne prend pas la responsabilité d’offrir aussi pour elle par délégation la somme de Matanot La-Evyonim, elle risque de perdre l’accomplissement de la Mitsva.

Si quelqu’un se trouve le jour de Pourim dans un endroit où il ne connait pas de nécessiteux, et où il n’y a pas d’organisme de Tsédaka fiable qui se charge de distribuer les dons aux nécessiteux, il devra malgré tout prélever l’argent de Matanot La-Evyonim le jour de Pourim, et il l’offrira après Pourim à des nécessiteux.

Source: halachayomit

R.Abdellak Malkiel