Une personne qui tombe malade par négligence

Une personne qui tombe malade par négligence

Question : Une personne qui – par négligence – attrape froid et s’alite, puisque c’est sa négligence qui lui a provoquée sa maladie, lorsque cette personne guérira, devra-t-elle réciter le Gomel ?

Réponse : Dans la précédente Halacha, nous avons expliqué que la personne qui tombe malade et qui est alitée, comme pour une sérieuse grippe, doit réciter le Gomel une fois guérie, et que cela doit être fait en présence de 10 hommes.

Maintenant nous devons clarifier le cas de celui qui est tombé malade par négligence, en sortant dans le froid sans se couvrir correctement, devra-t-il réciter le Gomel ou pas après sa guérison ?

« Tout vient du Ciel, sauf attraper froid »
Dans la Guémara, traité de Kétouvott (30a) il est écrit « tout provient du ciel sauf les intempéries (froid ou chaud) » et Rachi explique ce passage en disant que tous les malheurs qui viennent sur l’homme sont un décret du ciel, mis à part les intempéries, c’est-à-dire le fait qu’une personne tombe malade à cause du froid ou du chaud de par sa négligence, car il pouvait se vêtir plus chaudement ou ne pas sortir à l’extérieur.

Il reste donc à savoir puisque cette personne est tombée malade de la grippe ou autre par sa négligence, il semble qu’il n’est pas correct que cette personne récite le Gomel, car cette bénédiction sera pour lui un rappel de la faute qu’il a commise en étant négligeant sur sa santé.

Est-ce que Its’hak Avinou a récité le Gomel après la ‘Akeda (ligature d’Its’hak) ?
Les grands des générations passées il y a plus de 200 ans ont déjà débattu sur un sujet similaire.
Notre maitre le ‘HYDA apporte au nom de son père Rabbi Its’hak Zéra’hya AZOULAÏ z.ts.l une responsa concernant la question est-ce que Itsh’ak Avinou après avoir été épargné du sacrifice, a-t-il récité le Gomel puisqu’il a frôlé le danger et en a été épargné ?
De même, le Cohen Gadol qui sortait sain et sauf du Saint des Saints le jour de Kippour, récitait-il le Gomel ?
Et il répond que le Gomel a été instauré uniquement dans le cas où une personne a été épargnée d’un danger qui lui est arrivé contre son gré et qu’elle a bénéficié d’un miracle, comme les 4 cas cités par nos sages dans le Talmud, celui qui traverse la mer, celui qui traverse le désert, celui qui sort de prison et celui qui est tombé malade et a guéri, car celui qui voyage en mer le fait pour sa Parnassa, celui qui traverse le désert le fait parce qu’il doit ce rendre à tel ou tel endroit, etc.
Mais celui qui se met en danger de plein gré n’a pas besoin de réciter le Gomel, ainsi Itsh’ak Avinou n’avait pas besoin de réciter le Gomel après l’épreuve du sacrifice, car cela a été ordonné par Hachem et ils ont accepté lui et son père de suivre cet ordre de leur plein gré et même si au final Itsh’ak a été épargné il était exempt du Gomel, il en est de même à propos du Cohen Gadol qui rentrait dans le Saint des Saints sur l’ordre d’Hachem, car tel est l’ordre du Roi – le Roi du monde – pour les besoins de l’expiation des fautes d’Israël, il ne devait pas, lui non plus réciter le Gomel.

Cependant le Gaon Rabbi Eliezer Nah’oum n’est pas de cet avis et il réfute les propos de Rabbi Its’hak Zéra’hya Azoulay.
Selon son opinion, il est évident que le Cohen Gadol devait réciter le Gomel en sortant du Saint des Saints, du fait qu’il était en péril, et ce, bien qu’il y rentrait de son plein gré.

Il semble que notre question dépende de la divergence d’opinion Halachique entre le Gaon Rabbi Eliezer Nah’oum le Gaon Rabbi Its’hak Zéra’hya Azoulay, à savoir celui qui est tombé malade du fait qu’il ait été négligent (sortie en plein froid sans manteau, etc..) doit-il réciter le Gomel ou pas ? Qui d’après le Gaon Rabbi Its’hak Zéra’hya Azoulay il ne doit pas réciter le Gomel et d’après le Gaon Rabbi Eliezer Nah’oum il doit le réciter.

La guérison vient toujours d’Hachem
Cependant notre même question exactement a été traitée par le Gaon Rabbi Avraham Méyouh’ass dans son livre Chout Sédé Ha-Arets et voici sa conclusion :
« Bien que j’aie entendu au nom de l’illustre érudit Rabbi Yéhouda Ha-Cohen z’’l que dans un cas où la personne s’est elle-même amenée la maladie elle ne doit pas réciter le Gomel, de toute façon du fait qu’il n’y ait aucun doute que la guérison provienne uniquement d’Hachem, il est évident que le malade doit réciter le Gomel une fois qu’il sera complètement guéri, et il nous est complètement égal si c’est la personne qui s’est mise en cette posture de malade ou pas… »
Il termine ses propos en ajoutant : « Tel est l’usage (Minhag) courant de réciter le Gomel après la guérison d’une fièvre provoquée par un refroidissement, après avoir totalement guéri. »
Il est donc expliqué que même si le malade a été alité par sa propre négligence vis-à-vis du froid et du chaud, il devra réciter le Gomel à sa guérison.

Une tentative de suicide
Le Gaon Rabbi H’aïm FALLAG’I va encore plus loin et tranche qu’une personne qui fait une tentative de suicide en avalant du poison ou autre, mais n’est pas morte au final, car les secours ont réussi à la sauver, bien que cette personne ait elle-même mis sa vie en péril, elle doit réciter le Gomel, car la raison pour laquelle cette bénédiction a été instituée réside essentiellement sur le fait que la personne soit guérie parce qu’Hachem s’est rempli de pitié envers cette elle, c’est pour cela qu’il n’y a pas de différence entre les manières par lesquelles la personne est tombée malade, dans tous les cas, après avoir guéri elle doit réciter le Gomel.

En conclusion: Si quelqu’un a été malade à cause de sa négligence, il doit réciter le Gomel dès sa guérison, car la guérison est dans la seule main d’Hachem, sans aucun lien avec la cause de la maladie, comme expliqué dans Chou’t Yéh’avé Da’att tome 4 chapitre 14.

Source: halachayomit

R.Abdellak Malkiel